Lorsque j’étais encore en primaire, j’avais un professeur qui disait au moins une fois par jour : « si vous voulez apprendre quelque chose, commencez petit et commencez par le commencement ».
Alors par où commencer la pratique du tir à armes à feu ?
Comme dans toute discipline, la porte d’entrée est souvent la traditionnelle séance d’initiation. Tout le monde s’attend à une telle possibilité pour s’inscrire à un cours de Zumba ou à un club de judo, mais peu de gens savent que cela est également possible dans le cadre d’un club de tir.
La pensée commune dans nos sociétés d’Europe occidentale est que les armes sont la cause de tous les maux de la terre, que la loi interdit sauf exception l’utilisation d’une arme à feu, que manipuler une arme est terriblement dangereux et que les tireurs sont tous une bande de fascistes marginaux… Dès lors, comment serait-il possible d’aller tirer un jour dans un club local, juste comme ça, pour découvrir cette discipline ?! Impensable !
Et pourtant… faire une séance de tir sans licence de tireur est possible, car la réalité est tout autre : le tir sportif ou récréatif ne correspond pas à l’image que beaucoup de gens se font de la discipline et les sports extrêmes causent bien plus de mort parmi les rangs de leurs pratiquants que le tir sportif ou récréatif.
La législation sur les armes réglemente sévèrement le droit à l’usage et la détention d’armes à feu, c’est un fait, mais peu de gens savent que la loi permet 1 dérogation par an pour tout individu qui souhaite tirer dans un stand sans être inscrit à un club de tir [1], donc sans toute la paperasse qu’implique le fait de se lancer réellement dans la discipline.
Tir d’un jour
Ce tir occasionnel est généralement appelé « Tir d’un jour » et pratiquement tous les clubs disposent de ce service, avec bien évidemment des différences de prix et de choix des activités.
Je vais donc vous parler de mon expérience au sein de mon club, « La Défense », club historique de Bruxelles, né de la création de l’Association Royale Sportive de la Police de Bruxelles et dont j’essayerai de vous parler de l’histoire dans un autre article.
Le site web de mon club permettant de prendre rendez-vous en ligne, je suis passé par cette voie-là, ne connaissant personne pouvant m’introduire de façon plus informelle. Le responsable du Tir d’un jour m’a ensuite contacté par téléphone pour m’expliquer les modalités. Après paiement d’un acompte (car comme pour les coiffeurs il arrive régulièrement que les gens prennent rendez-vous et puis ne se présentent jamais), un rendez-vous est fixé, généralement en soirée, pour que vous puissiez exercer votre droit à Tir d’un jour par an.
Le jour J, je me suis présenté à l’heure et nous avons commencé par un cours théorique axé sur la sécurité. C’est le point le plus important dans ce sport : si vous êtes nul et que vous ne tapez jamais un trou dans le « bull-eye », ce n’est pas si grave ; mais commettez un impair en matière de sécurité et ce sera peut-être la dernière fois que vous verrez un pas de tir (soit parce qu’on vous mettra à la porte, soit parce que vous serez mort). La sécurité est l’affaire de tous et on ne rigole vraiment vraiment VRAIMENT pas avec elle, car les dégâts causés par une balle, même de faible calibre, sont terribles et peuvent être mortels. En ce sens, il est vrai que le tir est une pratique plus dangereuse que le tricot (et encore j’ai un doute), mais en respectant des règles simples de sécurité il n’y a AUCUNE chance de se blesser ou de blesser un(e) camarade. Les incidents sont extrêmement rares et dus uniquement à de la négligence grave… raison pour laquelle on se surveille tous mutuellement dans notre pratique pour éviter les erreurs qui pourraient arriver à n’importe quel humain.
Le cours théorique portera également sur les positions de tir, le fonctionnement des instruments de visée, le fonctionnement de base des munitions, etc. Nous avons pu faire relativement vite, parce que nous n’étions que deux personnes pour cette séance et que nous avions déjà bien potassés grâce au cours en ligne https://www.coursdetir.be/. Rapidement, les moniteurs ont compris qu’on ne venait pas comme des touristes.
Après le cours théorique, on nous a emmené au pas de tir. On vous fournit protections auditives, des protections oculaires et le moniteur qui vous accompagne est chargé comme un groom de Grand Hotel parce que les armes sont dans des valisettes et que vous allez en utiliser une belle variété. A cela s’ajoutent les munitions, de quoi assurer un minimum de 50 tirs.
Sur le pas de tir (donc l’endroit où vous vous postez pour tirer) on vous explique comment positionner son corps et comment actionner la détente de façon efficace. On commence par le tir à deux mains avec du 22LR (munition la plus faible disponible, la plus utilisée en tir sportif) pour vous mettre en confiance par rapport au recul et au mouvement du doigt sur la détente (oui la détente, pas la gâchette qui est une pièce dans le mécanisme actionné par la détente). On recharge l’arme pour vous, et au fur et à mesure des tir on corrige vos mouvements. Ça prend du temps, les instructeurs sont encourageants et bienveillants. La gestion du recul est ce qui fait le plus peur au débutant, donc on y va progressivement, en passant du 22LR, au 38 Spécial, au 9mm pour arriver à la sainte munition redoutée de tous les bleus : le 357 Magnum. A vrai dire, ce n’est pas si terrible que ça avec les bonnes instructions pour tenir le revolver (oui car le 357 Magnum est dans son écrasante majorité une munition tirée par un revolver).
50 tirs ça va relativement vite, mais je vous assure que vous serez bien crevés à la fin. En effet, entre le léger stress (qui part vite), la gestion du recul, le fait que comme c’est la première fois que vous tirez vous devez réfléchir à chaque mouvement que vous allez faire, que la mémoire des gestes n’est pas encore développée et tout simplement que tenir à bout de bras un machin en métal de plus d’1kg sans bouger est un peu contraignant, il est normal d’être fatigué en fin de séance.
A priori, quand vous sortez de là, vous sortez plutôt zen et content.
Cette expérience ne pourra être réalisée qu’une fois par an, mais il n’est pas rare qu’à la sortie de la journée d’initiation on ait juste envie de s’inscrire au club pour recommencer au plus vite ! Mais on le verra, si on se lance pour de vrai, la suite est un peu moins rock n’ roll. Stay tuned!